Sous le ciel d’Augiéras
« Ma plus belle œuvre d’art serait-ce ma vie ? » François Augiéras vagabonde, improvise des lieux d’ermitage, préfère la fréquentation amoureuse des déserts sahariens, des monastères du Mont Athos, des grottes, des chapelles du Périgord, des eaux glacées de la Vézère, aux attraits de sa grande ennemie, la civilisation. En magicien, il transforme les déserts en livres, métamorphose ses livres en icônes. Entre ses rêves et sa vie, une chasse fantastique retisse un lien primitif avec le cosmos.
Son œuvre écrite, comme sa peinture, restent confidentielles. Aujourd’hui encore, Augiéras choque ! Il faut bien reconnaître que ce genre de livre, ce genre d’homme, ce genre de vie errante, cet esprit anti chrétien, anti social, anti mondain, ce genre de sauvage, illuminé, peintre, poète, personne n’en veut ! La reconnaissance littéraire n’aura pas éclairé les parois de sa grotte ; et pourtant, les récits d’Augiéras enchantent la littérature. A. Gide, M. Yourcenar, Y. Bonnefoy, Le Clézio et bien d’autres l’ont reconnu.
Il reste sa voix. De sa voix, ses textes presque scandés. Il reste des mélopées ramenées des gouffres intimes de son corps pour appeler la lumière, se mettre au diapason du ciel, de la rivière, de l’univers. Restent quelques photos, quelques films super 8 avec son ami Paul Placet notamment. Restent ceux qui l’ont connu, ceux qui creusent le mystère Augiéras en spécialistes de l’âme, ceux qui l’ont aimé, l’aiment encore, le sentent à leur côté comme un puissant souffle de liberté, en témoignent : Jean Chalon, Paul Placet, Philippe Lacadée… Ils sont peu nombreux.
Le film voyage dans l’univers de cet homme hors du commun. L’eau, la pierre, le ciel dont il entendait l’appel, nous racontent aussi un peu de lui. Le film propose d’ouvrir ce monde où viennent se loger d’outrageuses expériences de jouissance et d’en accepter la beauté. Suivre un temps les pas d’Augiéras… perdre en chemin nos préjugés, risquer un pas dans l’inconnu…